Le débat n'a que peu à faire avec l'initiation. Que ceux qui souhaitent réellement appréhender les rites égyptiens aillent à l'essentiel, par le
seul chemin de la pratique opérative et de l'ascèse.
Qu'ils ne se laissent pas emporter par les vagues de la mer du consensus. L'initié demeure un rebelle, un guerrier pacifique, un sage fou, un poète muet. Les ascèses
monastiques, qu'elles soient d'obédience chrétienne, hindouiste ou bouddhiste, ont pour fondement des exercices de rappel de soi, de silence (psychique et physique), de maîtrise du sommeil.
Elles ont pour résultat d'introduire l'esprit dans un mystérieux silence pour le maintenir en présence de l'absolu.
Alors seulement, le néophyte commence à pénétrer dans les profondeurs de son cœur, ce lieu secret où !'Indicible manifeste sa présence. Les
mouvements parasites du mental, sans cesser totalement, ne sont plus un obstacle. A travers l'imbroglio des structures psychiques, l'homme fait l'expérience du Très-Haut qui ne demande qu'à
se laisser approcher. li reçoit une onction invisible, celle de !'Esprit capable d'opérer en son cœur de subtiles transmutations. Des régions de l'esprit et du cœur,
refroidies ou enfiévrées, retrouvent leur véritable température.
Préface de Robert Amadou
La philosophie est quête de sagesse. La contemplation en est le moyen et la fin, elle dicte une ascèse. Cette
recherche de l'unique sapience implique l'apprentissage et, par conséquent, l'exercice d'une sagesse pratique en progrès et en corrélation avec l'étude des vérités contemplatives.
Si la liberté de pensée est une nécessité dans les mondes relatifs auxquels appartiennent nos structures sociétales, l'initiation
commence par un état de conscience accrue accessible en non-pensée. Ce Silence, dans lequel le maçon égyptien opère, nécessite
une ascèse particulière qui n'est pas d'ordre intellectuel, qui n'est pas de nature philosophique au sens technique ou
professionnel du terme.
L'échelle, montant vers le Soleil, nous donne les degrés de l'ascèse personnelle, qui
doit aboutir à l'union avec l'ineffable. Le palmier, lourd de fruits, regarde vers la lune, car il est le symbole des fruits de la terre, nés de l'œuvre fécondante du
Soleil.
La tradition hermétique, égyptienne, appelle à chercher et à découvrir la vérité dans l'homme, dans la nature, dans
les écrits traditionnels des devanciers.
Les épîtres druzes de la Sagesse nous parlent désormais à la lettre. La Sagesse, en effet, la sagesse est la Raison
universelle; elle est le démiurge, le Logos, l'épouse de !'Esprit en même temps que celui-ci. "Le Créateur en a fait le premier principe, le responsable de toutes choses créées.
La Raison est la première puissance, le voile de la grandeur, le dépositaire de la Révélation, le premier démiurge, celui dont le mystère est unique,
celui qui détient la volonté, le créateur de la lumière, le spécialiste de la science, l'intercesseur de la miséricorde, le dispensateur des grâces, la source et la
sagesse. Elle a ordonné l'univers en donnant à chaque élément de la Création une place et un rôle. La Raison est le créateur des mondes, l'imam des imams et le messie des
temps."
Joseph Azzi. Entre la Raison et le Prophète. Essai sur la religion des Druzes, J. Bertoin, 1992, p.108-109.
Une conclusion de Pic :"Ce que l'on appelle Hokhma chez les Cabalistes est sans doute ce
qu'Orphée nomme Pallas, Zoroastre l'Intelligence paternelle, Hermès le Fils de Dieu, Pythagore la Sagesse, Parménide la Sphère intelligible."