Un pélerinage nostalgique et un peu de publicité pour des personnalités parfois oubliées.

 

Une journée avec :                                                                                                 

 

1965 Lanza del Vasto, 1901-1981, Le Pèlerinage aux sources

Le pélerinage aux sources avait interpelé une poignée d'adolescents en quête de spiritualité. Sachant le "maître" de passage à Bordeaux, nous  nous précipitâmes vers la bonne parole. Un personnage hiératique, un repas étrange dans un lourd silence,  communauté de l'arche ...

 

RIVE DU GANGE (extrait du Pélerinage aux sources)

J'eusse sans aucun doute fini dans la folie où tant d'autres aspirants à la sainteté, se trompant de porte, sont entrés avant moi, si je n'avais à temps, et par une grâce dont je loue Dieu, découvert le vrai remède. Le vrai remède c'était de vouloir guérir du manque de volonté. Comment la volonté parvient à suppléer à son propre manque, c'est un mystère qu'il est mieux de pénétrer par la pratique que d'éclaircir par le discours. Il suffit, je crois, que la volonté sache son manque pour le réparer d'elle-même. Et les Hindous disent fort bien que tout péché est d'ignorance.

Je m'aperçois que pendant ces quelques jours de trouble, je n'ai pas voulu mettre l'ordre chez moi. J'ai seulement nourri ce désir parmi plusieurs autres désirs contraires. Or un désir d'ordre ne peut amener la paix, il ne peut que se heurter aux désirs de désordre et par le heurt même, ajouter au désordre.

Les contraintes de la nature ont plutôt fait d'établir l'ordre là où nul désir d'ordre n'intervient. C'est pourquoi la simple brute pèche moins que l’homme déchiré entre ses bons et ses mauvais désirs. Mon désir d'ordre a eu beau dicter des résolutions et bousculer mon corps pour se donner de l'importance, il n'est pas pour autant devenu volonté. La volonté est de l'espèce des princes légitimes qui n'ont qu'à battre des cils pour se faire obéir. Pour vaincre, elle n'a eu qu'à se donner la peine de naître. Elle n'a pas livré combat. Nul désir ne peut se mesurer avec elle sur son plan. Dès qu'elle parait, ils se dissipent comme les mauvais rêves au réveil.

Un matin, pâle et tiré comme un convalescent, je me suis assis en lotus sous le manguier. Et l'arbre a chanté gloire à l'âme délivrée.

 

 


 

 

1968 - à Digne - Alexandra David Neel, 1868-1969 

C'était peu avant son centenaire. L'uniforme de l'armée de l'air m'avait permis de traverser, dans la nuit, tout le sud de la france, en auto stop. Arrivé à Digne, c'est encore cet uniforme qui fit basculer le coeur de la gouvernante d'Alexandra David Neel, car son frère avait porté le même et elle décréta que j'étais par conséquent son messager...

Elle intercéda donc pour que je fus reçu et obtint gain de cause. J'assistai au repas, et dès la première question, je déçus profondément mon hôtesse :" Qu'avez vous lu de mon oeuvre ?", réponse : rien, je souhaitais seulement vous rencontrer. " Que voulez vous faire de votre vie ?".   Je prends Jésus-Christ comme modèle, et je veux apporter du bien dans le monde. "Jeune homme, d'abord vous mélangez tout, il faut savoir si vous parlez de Jésus ou du Christ ! Apprenez ensuite que le monde est ce qu'il est. On ne peut rien ajouter, rien enlever. Vous vous interessez aux sciences, c'est bien, faîtes des études scientifiques, et laisser tomber la philosophie." Je laissai A. DN à son travail pour son prochain ouvrage, sur les philosophes chinois 'matérialistes'. Sa gouvernante, obtint qu'un billet de train me fut offert pour le retour en temps voulu à ma base de Mont-de-Marsan. Dès mon retour, je remerciai Alexandra pour son chaleureux accueil, et lui révélai ce qui m'avait interpellé en elle, une citation dans un magazine : "J'irai au delà de tous les au-delà ... "

En Chine - l'Amour universel et l'Individualisme intégral                  Marie-Madeleine Peyronnet


 

 

~1971 - Jean Herbert 1897-1980 Conférence à Toulouseinoubliable nuit de méditation sur le vide