2016


Denis Labouré

Préface de Sebastiano Caracciolo GH du SGSA

    
Avant-propos de Rémi Boyer

Le débat n'a que peu à faire avec l'initiation. Que ceux qui souhaitent réellement appréhender les rites égyptiens aillent à l'essentiel, par le seul chemin de la pratique opérative et de l'ascèse.
Qu'ils ne se laissent pas emporter par les vagues de la mer du consensus. L'initié demeure un rebelle, un guerrier pacifique, un sage fou, un poète muet. Les ascèses monastiques, qu'elles soient d'obédience chrétienne, hindouiste ou bouddhiste, ont pour fondement des exercices de rappel de soi, de silence (psychique et physique), de maîtrise du sommeil. Elles ont pour résultat d'introduire l'esprit dans un mystérieux silence pour le maintenir en présence de l'absolu.

Alors seulement, le néophyte commence à pénétrer dans les profondeurs de son cœur, ce lieu secret où !'Indicible manifeste sa présence. Les mouvements parasites du mental, sans cesser totalement, ne sont plus un obstacle. A travers l'imbroglio des structures psychiques, l'homme fait l'expérience du Très-Haut qui ne demande qu'à se laisser approcher. li reçoit une onction invisible, celle de !'Esprit capable d'opérer en son cœur de subtiles transmutations. Des régions de l'esprit et du cœur, refroidies ou enfiévrées, retrouvent leur véritable température.
  
Préface de Robert Amadou

La philosophie est quête de sagesse. La contemplation en est le moyen et la fin, elle dicte une ascèse. Cette recherche de l'unique sapience implique l'apprentissage et, par conséquent, l'exercice d'une sagesse pratique en progrès et en corrélation avec l'étude des vérités contemplatives.
Si la liberté de pensée est une nécessité dans les mondes relatifs auxquels appartiennent nos structures sociétales, l'initiation commence par un état de conscience accrue accessible en non-pensée. Ce Silence, dans lequel le maçon égyptien opère, nécessite une ascèse particulière qui n'est pas d'ordre intellectuel, qui n'est pas de nature philosophique au sens technique ou professionnel du terme.
L'échelle, montant vers le Soleil, nous donne les degrés de l'ascèse personnelle, qui doit aboutir à l'union avec l'ineffable. Le palmier, lourd de fruits, regarde vers la lune, car il est le symbole des fruits de la terre, nés de l'œuvre fécondante du Soleil. 
La tradition hermétique, égyptienne, appelle à chercher et à découvrir la vérité dans l'homme, dans la nature, dans les écrits traditionnels des devanciers.
 
Les épîtres druzes de la Sagesse nous parlent désormais à la lettre. La Sagesse, en effet, la sagesse est la Raison universelle; elle est le démiurge, le Logos, l'épouse de !'Esprit en même temps que celui-ci. "Le Créateur en a fait le premier principe, le responsable de toutes choses créées. La Raison est la première puissance, le voile de la grandeur, le dépositaire de la Révélation, le premier démiurge, celui dont le mystère est unique, celui qui détient la volonté, le créateur de la lumière, le spécialiste de la science, l'intercesseur de la miséricorde, le dispensateur des grâces, la source et la sagesse. Elle a ordonné l'univers en donnant à chaque élément de la Création une place et un rôle. La Raison est le créateur des mondes, l'imam des imams et le messie des temps."
Joseph Azzi. Entre la Raison et le Prophète. Essai sur la religion des Druzes, J. Bertoin, 1992, p.108-109.
Une conclusion de Pic :"Ce que l'on appelle Hokhma chez les Cabalistes est sans doute ce qu'Orphée nomme Pallas, Zoroastre l'Intelligence paternelle, Hermès le Fils de Dieu, Pythagore la Sagesse, Parménide la Sphère intelligible." 

 Transmutation.
Fixer l'attention.   Retenir l'intention.   Nourrir la semence. 
  
Que doit faire un Philosophe vraiment sage, lorsqu'il a bien compris le fondement et l'ordre qu'observa le Grand Architecte de l'Univers, pour la construction de tout ce qui existe dans la nature ?

Il doit être, autant qu'il se peut, un copiste fidèle de son Créateur; dans son œuvre physique, il doit faire son chaos tel qu'il fût effectivement ; séparer la lumière des ténèbres ; former son firmament séparateur des eaux d'avec les eaux, et accomplir enfin parfaitement, en suivant la marche indiquée, tout l'ouvrage de la création.
  
Que représente la vapeur?
Cette vapeur ainsi imprégnée de l'esprit universel, qui n'est autre que la véritable étoile flamboyante, représente assez bien le premier chaos, dans lequel se trouvait renfermé tout ce qui était nécessaire à la création, c'est à dire, la matière et la forme universelle. Elle contient un esprit de lumière et de feu de la nature des corps célestes, lequel doit être proprement considéré comme la forme de l'univers
  
Quel pouvoir et qualité le feu a-t-il en soi ? 
Il est très sec et dans un continuel mouvement, et ne demande qu'à corrompre et à tirer les choses de puissance en acte ; c'est lui qui, rencontrant dans les mines des lieux solides, circule en forme de vapeur sur la matière, et la dissout.
   
La surface de l'œuf n'a ni commencement ni fin. Elle est le symbole de l'éternité de la vie ...
L'œuf est comme l'art. Pour parvenir au jaune de l'œuf qui renferme en lui-même la qualité ignée de l'or, il est nécessaire d'utiliser la force de la volonté : pour rompre la coquille, la prison saturnienne, et pour pénétrer l'albumen, symbole des qualités animiques et mercurielles.
(Giuliano Kremmerz)
 
Les  ascèses ont  pour  fondement  des exercices  de  rappel  de  soi,  de  silence (psychique  et  physique), de  maîtrise  du sommeil.  Elles  ont  pour  résultat d'introduire  l'esprit  dans  un  mystérieux silence  pour le  maintenir en  présence  de l'absolu.
Ainsi,  l'alchimiste  prépare  sa  première matière. Aucun  des  corps  n'est  à  mépriser.  Si des  quatre  tu  en  fais  périr  un,  aussitôt  tous  seront  morts,  rappelle Michaël  Maïer  dans  l'Atalante  Fugitive.Si  je  casse  l'œuf que  la  poule couve,  je  n'ai  aucune  chance  de  voir  un jour  naître  le  poussin.
 
Une  fois  réalisé  le  petit  magistère,  le phénix  (feu  +  air)  peut renaître  de  ses  cendres  (terre +  eau}.  La  seconde  étape consiste  à  tisser  un  habit  de lumière. L'initié  souhaite  porter  à  sa  maturité ce  qui  n'est encore  qu'un  embryon  d'âme  (feu+ air). Dans  l'orphisme l'homme  devient dieu  au  terme  d'une  transmutation illustrée  par  les  douze  travaux  d'Hercule  ou  les signes  du  zodiaque,  par  la  traversée  des sept  cieux  ou  le passage  par  les  sept métaux.